le mur

Chaque fois qu'un(e) journaliste à la TV parle du "mur des cons", on a l'impression qu'il va s'étrangler.

On a là un phénomène linguistique qui mérite attention. Le mot "con" n'est pas un simple mot alphabétique. Comme en viet-namien, c'est un mot + une intonation. S'il n'y a pas l'intonation, ça ne passe pas à moins d'épeler "c-o-n" comme les enfants bien élevés qui ne veulent pas être entendus prononcer un "gros mot".

L'intonation, on la trouve facilement dans toute une collection d'expressions toutes faites, expressions appartenant, bien entendu, au langage familier masculin : "Fais pas le con !", "Arrête, t'es con !", "Là j'ai été con !", "Mais il est con, ce type !". Autant d'expressions où le mot "con" disparaît complètement dans la musique de la phrase --- les musiques faudrait il dire car chacune des expressions peut supporter toute une gamme d'intonations.

Dans la famille où j'ai été élevé, les gros mots étaient bannis; du moins jusqu'à ce que mes deux frères, ma soeur et moi-même (nés dans un intervalle de 7 ans) atteignions l'adolescence. On ne disait pas "merde" mais "m-e-r-d-e" ou on parlait des "cinq lettres". Quant au commun des mortels de ma génération, dans ma banlieue provinciale, il n'employait pas trop le mot "con" mais plutôt "couillon" qui a aussi quelque chose de campagnard. J'ai fréquenté, dans la paroisse, des garçons qui ne s'exprimaient jamais sans dire "couillon" toutes les 5 secondes - une ponctuation en quelque sorte. Un jour je sors le mot à la maison devant ma mère. J'ai immédiatement droit à un rappel du règlement.

Si l'on revient au problème du journaliste à la TV, je ne sais pas quelle est la solution. A mon avis jamais on n'arrivera à prononcer le mot tranquillement. Peut être faudrait-il se servir d'un néologisme à base de latin ou de grec ...

Affable Calcaire