Heidegger

J'ai entendu parler de M. Heidegger pour la première fois pendant un cours de philosophie dans un cadre catholique post-baccalauréat. C'était vers 1960. Il s'agissait du chapitre sur l'existentialisme. Le cours divisait les existentialistes en chrétiens et non chrétiens. Heidegger était présenté comme un existentialiste non chrétien. Je n'avais rien retenu de plus.

Ayant fait carrière dans les sciences, je ne me suis pas vraiment intéressé à cet auteur qui écrit en allemand - que je ne lis pas - et cela malgré l'intérêt constant que j'ai eu pour l'existentialisme. Je savais que c'était un vieux monsieur qui avait eu des idées géniales. Une fois, j'ai lu un article sur lui. Il y avait sa photo; c'était, je crois, dans l'Express.

Et puis, lorsque des décades plus tard, on a osé dire tout haut que certaines célébrités avaient été des nazis: von Braun, Karajan ... J'ai su que Heidegger l'avait été aussi. J'ai alors pensé que le vieux philosophe, plongé dans ses pensées, s'était laissé embobiné malgré lui sans bien s'en rendre compte.

Tout récemment, j'entends à la télévision parler de Richard Strauss, dont j'ai depuis longtemps en vinyl les 4 derniers lieders chantés par Jessy Norman. Un pur chef d'oeuvre. Et j'apprends que R. Strauss a lui aussi eu un passé nazi.

Et je repense à Heidegger. Et l'idée me vient de regarder sur YouTube s'il n'y a pas quelque chose sur lui --- sur YouTube il y a quelque chose sur tout, même sur saint Thomas d'Aquin.

Changement complet de perspective. Je tombe dans un tourbillon de vidéos où on en apprend de belles sur le vieux monsieur. Il ne s'était pas du tout laissé embobiné; c'était un nazi convaincu et il a persisté dans ses idées jusqu'à la fin de sa vie, laissant les générations futures méditer sur les 102 (pas moins) volumes de ses oeuvres qui traduisent sans ambiguité ses opinions et en particulier son antisémitisme.

Affable calcaire