réflexions 4

Je me proposais de parler du mot philosophie. Paradoxalement, ce que je veux dire c'est qu'en théorie, il vaudrait mieux ne pas employer ce mot. Il faudrait ne parler que de philosophes.

Monsieur Jean Duval est très avancé dans la réflexion critique; il gagne sa vie comme enseignant en terminales au Lycée du Grand Air à Nice. Et pour les besoins de l'organisation de l'établissement, sur les emploi-du-temps il est marqué que M. Duval a un cours de philosophie le lundi de 10 à 12 en salle 118 B. Et il a fait acheter aux lycéens le Nouveau Cours de Philosophie en deux volumes; un volume pour les exposés abstraits et un autre pour les extraits d'auteurs. D'ailleurs, M. Duval est agrégé ... de philosophie.

Parce qu'il faut ménager les jeunes cervelles qui pensent qu'elles vont apprendre la philosophie comme elles ont appris l'anglais, l'histoire, la physique. C'est ce que je pensais en octobre 1957 lorsque j'entrais dans une classe qu'on n'appelait pas encore une terminale scientifique. Une heure de philo par semaine seulement. J'ai souvenir d'exposés du professeur sur de sujets généraux qui m'intéressaient beaucoup moins que les mathématiques et la physique.

Et puis j'ai le souvenir d'une phrase du professeur, une seule qui peut être considérée comme un déclencheur philosophique; en substance :

Prenons la couleur bleue. Je n'ai aucune certitude que la personne qui m'accompagne

a la même perception de cette couleur que moi.

Je n'étais pas encore un philosophe mais j'étais prêt à le devenir puisque cette phrase m'a suffisamment marqué pour que je la retienne. J'avais bien compris qu'il s'agit de tout autre chose que de la physiologie de l'oeil.

Affable Calcaire.