réflexions 7

1 - Théodicée vue comme théologie naturelle.

D'abord un peu de contestation. D'après Wikipedia (auctores ignoti) la théologie naturelle est la démarche qui consiste à connaître Dieu à partir de l'expérience du monde. Ce que je conteste, c'est le singulier "Dieu". L'étude des civilisations primitives montre qu'on n'est pas naturellement monothéiste et on trouve aujourd'hui de par le monde des sociétés importantes qui pratiquent des religions polythéistes. 

Un dieu, c'est une présence cachée. On décèle cette présence comme on décèle la présence d'un être vivant à travers les résultats de son action. Si je suis un primitif, je suis habitué à déceler la présence d'animaux que je dois identifier pour les chasser ou pour me protéger s'ils s'attaquent à l'homme. Je suis aussi habitué à déceler la présence d'hommes qui ont fait incursion dans mon territoire. Mais je peux aussi échouer dans mon processus d'identification. Je vais alors conclure que j'ai affaire à un esprit ou, si on veut, un dieu.

Le rapport de forces entre moi et cet être inconnu n'est pas en ma faveur, c'est ce que contient le mot dieu. D'autre part, si cet échec d'identification se reproduit avec des variations dans les signes de présence, je n'ai aucune raison de penser qu'il s'agit toujours du même dieu.

Pour que je parle de Dieu au singulier, il faut que quelqu'un me dise "il n'y a qu'un seul Dieu". Et cela, ce n'est pas naturel.

2 - Ce que j'appelle théodicée.

Mon discours personnel sur Dieu vient après cette information "il n'y a qu'un seul Dieu". Et je ne reçois pas cette information sans recevoir en même temps un corpus de textes théologiques qui, conjointement à toute mon experience de la vie, vont nourrir ma réflexion. C'est cette réflexion que j'appelle théodicée.

Ce corpus de textes théologiques va d'ailleurs augmenter parallèlement à mon éducation. Au début, c'est "Je crois en Dieu, le Père tout puissant". Plus tard, ce sera "En arkhè ên o Logos".

3 - Théodicée et théologie

Enfin une remarque fondamentale. Ces textes que je tiens pour théologiques: "Je crois en Dieu, le Père tout puissant", "En arkhè ên o Logos" , auxquels je ne change rien, auxquels je n'ajoute rien, ces textes ont d'abord été pensés puis couchés sur le papier par des acteurs de la vie religieuse qui se fondaient eux-mêmes sur les textes théologiques qu'ils avaient reçus. Ces nouveaux textes ont d'abord été la théodicée (à mon sens) de leurs auteurs. Ils sont devenus théologiques par l'usage qu'en ont fait les communautés de croyants.

Quand Saint Jean écrit "En arkhè ên o Logos", il fait sa théodicée sur la base de sa culture israélite (et sans doute aussi hellénique) et sur la base de son expérience des événements que l'on sait. Et son texte est devenu théologie.

Qand Saint Thomas d'Aquin écrit "Super Sententiis", il fait sa théodicée sur la base des Sentences de Pierre Lombard. Et le texte de Thomas d'Aquin est devenu théologie.

Texte remanié le 20 juillet 2014

Affable Calcaire.